COMMUNIQUÉ DE PRESSE, février 2016

Observatoire des médias et de la communication à Madagascar

Media Matters Madagascar

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Force est de constater qu’aujourd’hui la mediasphère se retrouve dans un état de confusion, noyée dans les règlements de compte clanicopolitiques sous couvert d’impératifs financiers et commerciaux, pénalisant malgré eux les journalistes, au détriment des citoyens dont le droit à l’information de qualité passe au second plan, voire est totalement bafoué.

Loin des réelles préoccupations de la population, la majeure partie des médias est déjà concentrée sur leur positionnement politique respectif, élections de 2018 obligent. La plupart des journaux et des médias (anciens et nouveaux), s’acharne soit à défendre becs et ongles le pouvoir en place soit à chercher à tout prix les moyens de l’abattre. Une situation des plus normales dirions-nous pour un pays se voulant démocratique. Mais entre les fines techniques de manipulation et de désinformation, les tactiques de disruption, à la limite de la subversion, sans oublier le pouvoir de l’argent, le public devient la marionnette des tireurs de ficelles, malléable à souhait et se forme une (fausse) opinion politique délibérément fragilisée, comme en 1991, 2002 et 2009.

Ces contextes pré et post-crisiques ont toujours créé une ambiance d’anarchie et de jungle médiatique (quid de l’octroi des licences d’exploitation audiovisuelle accordée ou refusée à la tête du client dans l’opacité des conciliabules « poker menteur ») où domine la surenchère aux images les plus violentes et choquantes, les titres les plus sensationnels ou au conditionnel, la Une la plus intrigante. Les incitations à la haine, les discours racistes, intolérants et sectaires, les propos diffamatoires à la limite de l’insulte passent librement sur les ondes. Madagascar risque d’avoir non pas une, mais des « Radio des milles collines » ou Milles radio des collines, clochers et minarets… Et d’autres stations radio et TV continueront d’être saccagées et incendiées.

        Le sexe, l’argent, la peur, la mort n’ont jamais fait autant vendre essentiellement dans les publications en langue malgache, les plus accessibles au Malagasy moyen, et librement visibles dans les kiosques même par les mineurs, les petits enfants qui vont à l’école ou traînent dans les rues. Aussi, ILONTSERA demande prioritairement le vote jusque là reporté du projet du Code de la communication, un projet péniblement accouché, pour la prochaine session de l’Assemblée nationale. Car plusieurs problématiques restent entières dont les questions sur la diffamation, la préservation de l’identité, la présomption d’innocence, la qualification des délits de presse, la précarité du métier de journaliste, l’apparition de nouveaux modèles économiques des médias, le respect de l’éthique et de la déontologie, l’usage des réseaux sociaux, etc.

La célébration du 150ème anniversaire de la presse pourrait être l’occasion pour tous de faire le bilan de la contribution des médias dans le recul ou la progression démocratique nationale. En sa qualité de 4ème pouvoir, par la puissance de leur fonction démocratique les médias ne constituent-ils pas en effet un formidable outil de développement ? A condition d’être libérés de toutes contraintes politiques et financières… Un idéal, certes, mais nous en avons les moyens. Un rêve, peut-être, mais d’autres l’ont déjà réalisé. « Take action, inspire change » nous rappelle Nelson Mandela.

Antananarivo, le 27 février 2016

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