28 SEPTEMBRE JOURNÉE INTERNATIONALE DE L’ACCÈS UNIVERSEL À L’INFORMATION : LOI ET ÉDUCATION S’IMPOSENT

            L’ONG ILONTSERA, dans son rôle d’observateur indépendant des médias et de la communication, regrette l’ambiance délétère dans laquelle se trouve de nouveau le milieu journalistique et médiatique suite à la condamnation de deux journalistes à de lourdes peines d’amende dans le cadre de l’hélicoptère du Stade municipal de Mahamasina. Il est regrettable qu’une fois de plus, la question de la liberté d’expression en général, et celle de la presse en particulier, ainsi que l’accès aux informations deviennent l’enjeu d’intérêts politiques inavoués. Mais tant que notre secteur médiatique et notre presse sont si profondément politisés– une situation longtemps décriée par l’Observatoire mais contre laquelle l’on préfère appliquer la politique de l’autruche –l’alternance devant les juges fera lieu d’une alternance véritablement démocratique. Et cette dernière affaire en date ne sera ni la première ni la dernière quelles que soient les lois que nous instaurerions tant que les médias et la presse ne seront que des outils de propagandes politiques au service de la culte d’une personnalité.

            L’on osait espérer que la visite et le message papale aient pu toucher le cœur de chacun, croyant ou pas, notamment sur ce fameux respect du « Fihavanana » dont on se gargarisait partout mais qui reste trop souvent au stade de vœux pieux. Dans cet esprit du « Fihavanana », le recours à la justice ne devrait, sur le principe, intervenir qu’en dernier recours, après avoir expiré toutes les procédures prévues aussi bien par le Code de la communication médiatisée que les règles d’éthique et de déontologie en matière d’information et de journalisme. Car « Fihavanana » doit signifier avant tout, et principalement, communiquer. Et communiquer, c’est vivre. Précisément « vivre ensemble ». « Tsy misy tsy vitan’ny fifampiresahana » (Le dialogue résout tout, trad. lib.) aime-t-on dire, mais quand c’est la violence, l’extrémisme, la haine, et le rejet de l’autre qui prennent le dessus, ce « vivre ensemble » n’est plus du domaine du possible, et l’histoire ne sera qu’un éternel recommencement.

            Car ni les intimidations à coups de peine « exemplaire », ni le juridisme obtus, ni les provocations gratuites, n’apportent rien à cette recherche de ce milieu médiatique apaisé, plus soucieux du bien commun et du réel bien-être de la population. L’histoire nous l’a déjà démontré à maintes reprises. En effet, l’on semble parfois oublier que la liberté d’expression dont on se targue à tout bout de champ doit être mise avant tout au service des citoyens qui ont le droit d’accéder aux informations, les vraies, sans se faire manipuler et désinformer dans le sens d’un intérêt politique ou un autre. « Ne laisser personne pour compte », comme l’indique le thème choisi par l’UNESCO pour cette année. D’autant plus que, face à la grande jungle que sont devenus les réseaux sociaux, le rôle des journalistes est plus que jamais prépondérant, et leur responsabilité, énorme, afin de distinguer l’information du médiatique. Faire le distinguo entre journaliste et internaute.

            Tous espèrent dès lors de pied ferme une loi sur la communication plus à même de considérer les intérêts des citoyens qui sont appelés également à plus de responsabilité face à la pseudo liberté que nous font miroiter ces réseaux sociaux, Facebook en tête. Dans ces conditions, l’éducation aux médias, corollaire de l’Accès universel à l’information, devient une question de salubrité publique parallèlement à l’application des lois si l’on voudrait instaurer réellement un milieu médiatique moins violente et plus apaisé, plus juste et plus responsable surtout à l’approche des prochaines élections municipales. Au risque de se répéter, ILONTSERA de rappeler que cette responsabilité incombe à tous : État, Organisations de la Société Civile (OSC), citoyens, familles, écoles, internautes, journalistes et patrons de presse.

 

Fait à Antananarivo, le 28 septembre 2019  

ILONTSERA

                                                                  Ivom-pandalinana ny Tontolon’ny Serasera marolafika eto Madagasikara

                                            Observatoire des Médias et de la Communication à Madagascar

                                                                                   Media Matters Madagascar